Le triste anniversaire du char Leclerc

A l'OCCASION de son dixième anniversaire, le char de combat Leclerc est l'une des vedettes des Journées nation-défense, l'opération de communication de l'armée organisée jusqu'à dimanche dans toute la France. Pourtant, le Leclerc, l'un des plus beaux fleurons de l'armement national, véritable condensé de technologie, laisse un goût amer à l'heure où son constructeur, Giat, est en proie à un nouveau plan de restructuration.

Au début des années quatre-vingt, en pleine guerre froide, l'armée française cherche à remplacer son blindé AMX 30. L'objectif de cette nouvelle machine était de pouvoir ralentir la progression d'un adversaire très supérieur en nombre. Avec la chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de la menace soviétique, cette stratégie vole en éclat. D'une armée préparée pour une bataille continentale, le théâtre des opérations se délocalise. Pour cela, il faut des unités légères... Du coup, alors que son industrialisation vient à peine de débuter, l'intérêt du char Leclerc n'est plus évident. Pis ! Le prix unitaire de ce bijou passe d'une prévision de 2,2 millions d'euros à 7,84 millions d'euros ! Pour compliquer l'affaire, d'importants dysfonctionnements de mise au point industrielle et de gestion seront mis en évidence dans un rapport de la Cour des comptes en 2002. Sur une prévision initiale d'une commande de 1 400 exemplaires, l'armée française n'en achètera en tout que 406. Les marchés extérieurs sont de plus en plus difficiles à décrocher.

Dernier exemple en date : la conclusion du contrat de vente avec l'Arabie saoudite, portant sur 150 chars pour environ 2,3 milliards d'euros, paraît incertaine selon le dire même de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. En dix années de service, le char Leclerc n'a connu qu'un seul déploiement, au Kosovo, en 1999. Même si les performances de cet engin sont considérées comme « excellentes », l'ensemble de ce programme de l'armée de terre aura quand même coûté en tout quelque 5,722 milliards d'euros...

MOURMELON (MARNE), HIER. Les militaires ont fait une démonstration publique à bord du char Leclerc. urs.

Sources: le parisien (mai 2003)