Thales souhaite une participation "significative" dans Nexter

 

Thales souhaite une participation "significative" dans le capital du groupe d'armement terrestre Nexter en échange de l'apport de sa division de munitions, esquissant ainsi un timide mouvement de consolidation dans le secteur français de la défense.
L'équipementier pour l'aéronautique, la défense et la sécurité, dont l'action monte mercredi en Bourse au lendemain de la publication de résultats 2011 supérieurs aux attentes et de la confirmation de ses perspectives pour 2012, négocierait entre 10% et 25% du capital du fabricant du char Leclerc, selon diverses sources sectorielles.
"Il est clair qu'il faut quand même, pour instaurer la confiance entre les deux entreprises, que le lien soit suffisamment significatif", a déclaré le PDG de Thales, Luc Vigneron, lors de la conférence de presse des résultats, en réponse à une question sur le fait de savoir si 10% lui paraissait suffisant.
"Je ne veux pas sortir de pourcentage, mais je rappellerai simplement que quand nous sommes entrés pour la première fois chez DCNS, c'était à 25%", a-t-il ajouté, faisant référence à l'arrivée de Thales au capital du constructeur naval en 2007.
Thales, qui a porté sa participation dans DCNS à 35% juste avant Noël dans le cadre d'une option qui expirait en mars, consolide dans ses comptes à partir de cette année le fabricant du porte-avions Charles de Gaulle, dont le carnet de commandes s'élevait à 14,8 milliards d'euros fin 2011.
Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, deuxième actionnaire de Thales derrière l'Etat, avait même évoqué au printemps 2011 l'hypothèse d'une poursuite de la montée de Thales dans DCNS pour en devenir majoritaire.
"La question ne se pose pas aujourd'hui", a indiqué Luc Vigneron.
DCNS a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires de 2,624 milliards d'euros, avec 3,168 milliards de prises de commandes et une marge opérationnelle courante de 7%.
Luc Vigneron n'a pas souhaité s'exprimer sur le calendrier des discussions entre Thales et Nexter, mais Philippe Burtin, le PDG de Nexter, a dit la semaine dernière à Reuters espérer une conclusion à l'été.
La fusion de munitions avec TDA et de Nexter Munitions donnerait naissance à un ensemble au chiffre d'affaires annuel de 250 à 300 millions d'euros.

 

CONSOLIDATION EUROPÉENNE
La présence de Thales chez DCNS, et peut-être demain chez Nexter, est de nature à faciliter la consolidation européenne attendue de longue date dans les secteurs naval et terrestre, a également observé Luc Vigneron.
"Je sais d'expérience qu'il n'est pas facile pour une société privée d'accepter des schémas de partenariats capitalistiques forts avec un Etat parce que le rapport d'un Etat et d'une société privée, c'est le pot de fer contre le pot de terre", a dit celui qui a dirigé Nexter, ex-Giat Industries, avant de prendre les rênes de Thales au printemps 2009.
Des rumeurs - démenties - ont régulièrement fait surface sur un éventuel rapprochement entre DCNS et l'allemand Atlas Elektronik - coentreprise entre ThyssenKrupp et EADS - , qui coopèrent déjà dans la production de torpilles.
Le PDG de Nexter Philippe Burtin a déclaré de son côté à Reuters la semaine dernière discuter avec les allemands Rheinmettal et Krauss-Maffei Wegmann (KMW), l'italien Oto Melara (Finmeccanica) et le finlandais Patria en vue d'une alliance, après avoir tenté l'an dernier un rapprochement avec les français Renault Trucks Defense (groupe Volvo) et Panhard.
Luc Vigneron n'a pas souhaité s'exprimer sur l'intérêt éventuel de Thales pour Oto Melara, évoqué mardi par Les Echos.
Thales a confirmé mardi soir viser une amélioration de sa marge opérationnelle courante à 6% en 2012, après 5,7% en 2011, avec une hausse de son chiffre d'affaires et un ratio "book-to-bill" inférieur à 1, des prévisions n'intégrant ni DCNS ni un éventuel succès à l'export du Rafale.


L'Inde a annoncé fin janvier l'ouverture de négociations exclusives en vue de l'achat de 126 avions de combat français, un contrat évalué à quelque 11 milliards d'euros, tandis que la perspective d'une commande de 60 unités de la part des Emirats arabes unis a récemment refait surface, avec par ricochet un éventuel intérêt du Qatar et du Koweït voisins.
Thales équipe l'avion construit par Dassault Aviation en radars, équipements de communication et calculateurs, soit à peu près un quart de la valeur de chaque appareil.


L'action s'adjuge 2,37% à 26,995 euros en Bourse vers 12h45, soit une capitalisation de 5,46 milliards, et un rebond depuis le début de l'année à près de 11%, bénéficiant notamment du relèvement de l'objectif de cours de Société générale de 30 à 33 euros à la suite des résultats 2011 supérieurs aux attentes.

Sources:Les Echos (Mars 2012)